uncastrating is necessary

Sur le Collodion humide

« L’aura est la trace du travail humain oublié dans la chose. »

W. Benjamin

 

J’ai été atirée par l’Ambrotype, positif direct au Collodion humide sur plaque de verre, introduit en 1851, en réponse à la normalisation de la photographie numérique. La qualité d’oeuvre complètement artisanal et non- reproductible, la transparence du verre, sa capacité à absorber et à réfléchir l’interlocuteur, le fait que le négatif verre, posé sur une surface sombre, devient un positif : l’Ambrotype m’apportait des caractéristiques absentes dans les modes de production numérique de l’image, en plus de m’offrir un accès physique et une relation tangible à ma pratique artistique. La technologie numérique m’offre des nombreux avantages ; en revanche, la possibilité de l’interférence physique et ses traces présentées par l’Ambrotype me font me sentir plus présente et connectée à mon travail.

Pourtant, je n’ai pas commencé à produire mon propre collodion par choix, mais parce que sa commercialisation, en tant que matière primaire pour la fabrication de bombes (selon les institutions de contrôle), est interdite dans mon pays, le Brésil. Le seul moyen de mener ma pratique était donc d’apprendre à fabriquer le collodion de zéro, moi-même.

Par conséquent, je suis devenue une quasi-alchimiste, une quasi-sorcière, mais également une quasi-terroriste, aux yeux des autorités de mon pays.

Ainsi, dans la clandestinité de ma cuisine, où cette fabrication avait lieu, le collodion humide m’a offert l’occasion de mener une pratique anticapitaliste et émancipatrice, dans laquelle je m’approprie mes moyens de production. Virginia Woof disait qu’une femme a besoin d’une chambre à soi. Moi, j’ai besoin d’une cuisine et de quelques béchers.